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15 mars 2016 Info +

Catherine Faivre-Pierret : agricultrice et femme engagée

Catherine Faivre-Pierret est la chef d'une exploitation agricole spécialisée dans la production laitière. Gérante du GAEC des bassins du Doubs depuis 2011, elle revient sur son parcours et son engagement pour faire reconnaître sa place de femme dans le monde agricole.

Titulaire d'un BEP tourisme en milieu rural, puis d'un baccalauréat professionnel en commerce, Catherine Faivre-Pierret a travaillé 7 ans en tant que vendeuse dans un magasin, puis 4 ans dans la restauration. « Je faisais les deux métiers à la fois : j'aidais mon mari dans l'exploitation le matin pour la traite et je travaillais dans la restauration le midi. Il a fallu faire un choix entre les deux métiers. »

La soif d'apprendre et d'entreprendre

À l'approche de la quarantaine, Catherine décide d'effectuer une formation de 9 mois dans une maison familiale. À l'issue de ce cursus, elle obtient le diplôme de technicien agricole en formation continue. « Cet apprentissage m'a permis de faire une analyse sur la situation de l'entreprise de mon mari. Lui, ça faisait une dizaine d'années qu'il était installé et qu'il n'avait pas pris le temps de prendre du recul sur son installation. On a remis les chiffres à plat. On a retravaillé notre façon de voir les choses, notre méthode pour mieux planifier notre travail. » En 2009, elle s'installe sous le statut d'exploitation agricole à responsabilité limitée (EARL). « Les femmes ne pouvaient pas être en GAEC avec leur mari », se souvient-elle. Entourée d'un groupe d'agricultrices du Doubs, elle se bat pour faire évoluer les choses et sa demande aboutit en 2011. Elle reprend alors 25 hectares de terres, ce qui permet une extension de l'exploitation familiale. Au total, Catherine et son conjoint exploitent 96 hectares et produisent 300 000 litres de lait valorisés en Comté AOP. « Aujourd'hui, être en GAEC me permet d'avoir des aides de la PAC, de pouvoir voter dans les assemblées générales des coopératives et de cotiser. » En parallèle, l'agricultrice développe un projet de chambres d'hôtes, rapidement remis en cause lorsqu'elle apprend qu'elle est atteinte d'un cancer. « Je me suis soignée mais aujourd'hui nous avons arrêté le projet. Les banques ne suivent pas dans ces cas-là.»

La faculté d'aider, la volonté d'encourager

En 2011, Catherine s'engage à la fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA). Elle gère le service de remplacements qui permet aux agriculteurs de faire face aux imprévus : accidents professionnels, arrêts maladie ou congés. « Je m'occupe de trois personnes à plein temps et de dix CDD. » Demain, elle souhaite promouvoir sa profession et redonner aux jeunes une nouvelle image du monde agricole. « Je veux les aider à s'orienter, montrer qu'une exploitation agricole est une entreprise, leur dire qu'on peut prendre des vacances quand on est dans l'agriculture, qu'on s'organise et qu'on travaille mieux, qu'on n'est pas obligé de porter notre métier sur notre tête. »